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101e km
31 août 2022

Ah, si Gorbatchev ...

J’ai toujours pensé que la Russie est un laboratoire humain. Je m’explique. J’ai toujours été intéressé par les expériences réalisées sur les animaux pour observer leurs comportements. Un éleveur de cochons (bio) m’a dit un jour qu’il est devenu sociologue à force d’observer ses truies. D’habitude, ce sont plutôt les rats qui nous renseignent. De petite taille, essentiellement sociaux, il est facile d’installer une cage et de regarder. Éventuellement, les singes en captivité peuvent nous en apprendre aussi. Évidemment, il y a quelques différences entre nous et nos presque semblables à quatre pattes, aussi la Russie nous permet-elle d’observer des comportements collectifs et individuels sans la barrière des espèces.

Depuis la fin de l’Urss, Mikhaïl Sergueïevitch focalise sur lui toutes les errances d’un groupe. Alors qu’objectivement, il a cherché à réformer son pays, l’adapter à l’air du temps, en finir avec la chape de plomb qui pesait sur le peuple et avec le rideau de fer qui le séparait du reste du monde, dans son propre pays, aux premières loges, il est celui qui a cherché, au contraire, à garder le pouvoir pour lui et maintenir la dictature du parti communiste. Une fois déchu, une fois la parenthèse soviétique refermée et le retour de la Russie vraie et de ses couleurs, il a été accusé d’avoir mis son beau pays en faillite et d’être parti avec la caisse alors même que son successeur, sans se cacher le moins du monde, puisait dans la caisse pour lui et surtout pour ses amis et menait une politique directement dirigée au profit des nouveaux oligarques organisés en mafias. Ça en dit long sur la facilité avec laquelle il est loisible de manipuler un peuple, comptant pourtant des effectifs de plusieurs dizaines de millions d’individus. Tout est possible sur un terrain dévasté, dès que le couvercle de la marmite se soulève quelque peu. Après, l’Histoire retient ce qu’ont écrit les vainqueurs. C’est le successeur de Gorby, et surtout l’actuel occupant du poste qui écrivent le récit national. Le maître du Kremlin est même parvenu, tout en s’inscrivant dans cette lignée, à accuser le dernier président du Soviet Suprême d’avoir affaibli son pays en abandonnant, auparavant, ses possessions de fait ou, pour le dire de façon neutre et quelque peu hypocrite, ses zones d’influence. Désormais, Gorbatchev est présenté comme celui qui a provoqué la chute de la puissance russe. Faut-il rappeler que dans le monde d’avant, celui de la guerre froide (comme on dit), il y avait 2 super puissances, les É-U et l’URSS. Avec la fin de celle-ci, il n’y en a plus qu’une qui propage des valeurs décadentes. Qui plus est, avec sa politique de transparence (glasnost), on a appris la réalité de l’économie soviétique, jusqu’alors dissimulée par des données fausses et invérifiables. Concrètement, il passe facilement pour celui par qui le malheur arrive : voyez comme tout allait bien avant lui !

Mikhaïl Sergueïevitch Gorbatchev demeurera malgré lui, le symbole de l’ingratitude des peuples et de la facilité avec laquelle on peut les manipuler, même lorsqu’ils sont instruits. Pour que la mesure soit comble, il meurt le jour où l’on célèbre l’anniversaire de la mort de Lady Diana Spencer et plutôt que de s’intéresser à l’un des anciens maîtres du monde, on se focalise sur une princesse qui n’a pas seulement régné mais est entrée dans la légende à la faveur d’un accident de voiture.

 

On relira : Sainte Russie impériale et impérialiste

 

 

Gorbatchev

Image : https://www.nicematin.com/index.php/faits-de-societe/mikhail-gorbatchev-dernier-dirigeant-de-lurss-est-decede-a-lage-de-91-ans-790367

 

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