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101e km
19 novembre 2021

La radio cherche à survivre

 

Une rentrée qui confirme la tendance sur les radios généralistes dont nous traitons ici. Bien évidemment, en cette fin 2021, le gros morceau vient d’Europe1 où le groupe Bolloré (ou peut-être M. Bolloré lui-même) a fait le ménage en juin dernier. On avait alors beaucoup parlé d’un mouvement de grève, qualifié abusivement de « première » dans la station privée. En tout cas, suffisamment exceptionnel pour que les autres en parlent aussi. Départs des figures emblématiques, comme M. Laurent Cabrol, Mme Julie Leclerc qui aurait dû fêter ces jours-ci ses 50 ans passés à l’antenne. Bolloré ne s’attarde pas à de telles futilités. Des départs émouvants pour certains, certaines surtout qui se sentaient en famille dans la radio du groupe Lagardère et qui ont été priées de partir ou qui ont préféré le faire avant qu’on les y oblige. On avait dit pique-pendre de ce coup de force et total, Europe 1 se maintient. Les audiences sont tombées et comme d’hab, tout le monde est content. Inter reste la 1ère radio et toutes les autres progressent alors même qu’il y a toujours moins de personnes qui branchent la radio ou même l’auto-radio.

https://www.ozap.com/actu/audiences-radio-inter-leader-en-baisse-nrj-doublee-par-info-en-forme-rtl-2-plus-forte-qu-europe-1-au-plus-bas/610599

Dure leçon puisque avec beaucoup moins d’effectifs,Europe 1arrive au même résultat. Ceux qui sont partis doivent se rendre compte qu’ils n’étaient pas irremplaçables et que, comme d’autres avant eux, à diverses périodes du passé, ils n’ont pas retrouvé des postes aussi intéressants que dans l’ex radio de la rue François-Ier. On pouvait le prévoir simplement en restant à l’écoute une heure, n’importe quand dans la journée. Les plages publicitaires sont plus longues avec intervention de l’animateur qui rappelle à l’auditeur que la suite arrive mais après encore une plage publicitaire. C’est la preuve que les annonceurs croient en la solidité retrouvée de la station du front de Seine, désormais couplée avec la chaîne de télévision du groupe Bolloré-Vivendi. Ceux qui ont pu rester, comme M. Philippe Vandel, continuent comme si de rien n’était. Les tranches d’information couplées avec Cnews ne sont pas détestables et tiennent la route. La tranche 18-20, menée par Mme Laurence Ferrari est devenue une foire d’empoigne qui semble plaire au public. On peut y entendre une propagande libéraliste de bon aloi, à peine compensée par le (rarement les) seul invité qui défend une position alternative mais avec des convergences avec au moins un des intervenants libéralistes. D’ailleurs, passées les toute premières semaines, l’émission a tourné au débat politique et ensuite à discuter autour de Zemmour. Après tout, c’est ce qui se passe depuis des années déjà sur RTL dans « On refait le monde » ou quel que soit le titre, puisque la formule demeure.

Face à ce qui est devenu une radio d’opinion, Inter se positionne de plus en plus comme une radio militante avec des chroniqueurs engagés pour apporter une pointe d’humour mais qui, depuis la saison dernière, ne prennent même plus la précaution d’en garder les apparences. Les unes et les autres s’en prennent nommément à des personnalités, des groupes (associations, partis, groupes de pression divers) pour les dézinguer. Dernière victime en date, M. Montebourg attaqué le lundi 15 novembre 2021 par Sophia Aram avant que Charline Vanhoenecker n’en remette une couche le lendemain.

https://www.francetvinfo.fr/elections/presidentielle-de-la-remontada-a-la-degringolada-comment-arnaud-montebourg-a-plombe-sa-campagne-en-24-heures_4838669.html#xtor=EPR-749-[NLbestofhebdo]-20211113-[content7]

https://www.franceinter.fr/emissions/le-billet-de-charline-vanhoenacker/le-billet-de-charline-vanhoenacker-du-mardi-16-novembre-2021

Malcom X - médiasLa différence avec les radios associatives, c’est que celles des groupes Radio-France et France-Télévision sont financées par le contribuable pour maintenir une information fiable et de qualité ponctuée d’émissions de divertissement, d’information, de dialogues avec les auditeurs. Dans la réalité, Inter par exemple mais également France-Info tv (francetvinfo.fr sur la toile) dispensent une information orientée (on rappellera comment pendant 36 heures elle a fait la promotion d’un traitement du coronavirus à base de nicotine pour contrer celui du Pr Raoult) ainsi que des émissions de divertissement ou d’information (la matinale) pendans lesquelles passent des messages clairement militants.

Certes, nous avons rappelé au début que les statistiques d’audience qui reposent sur l’interrogation d’un panel de 400 personnes duquel on déduit qu’un million d’auditeurs sont à l’écoute nous paraissent tout à fait étonnants si l’on considère l’ignorance quasi totale des noms des radios généralistes par le grand public d’aujourd’hui. Par conséquent, les diverses « minutes de la haine » (cf. Orwell) qui ponctuent la journée sur Inter ont peu d’influence sur l’opinion publique mais le fond du problème demeure le principe de rémunérer des militants sur l’argent public. Ces interventions sont néanmoins révélatrices des intentions des directions de ces stations de radio. Quand Sophia Aram passe 3 mn à critiquer M. Douste-Blazy (avec naturellement une pique contre le Pr Raoult sans lequel elle serait en panne d’inspiration), on se demande sur quelle planète vivent ces gens-là et à qui ils peuvent bien s’adresser. M. Douste-Blazy était ministre, voici 25 ans. Un quart de siècle qu’il a disparu de la vie politique nationale ! Ça veut dire que les moins de 30 ans ne savent pas qui c’est. Qu’est-ce qu’on va payer 3 mn quelqu’un pour nous parler d’un ministre d’un autre siècle qui, en plus, n’a pas marqué son passage. Ce n’est quand même pas Simone Veil que bien peu connaissent encore. Dans une des rares émissions comiques où l’on cherche encore à faire rire, à savoir « Pastek » le samedi après le journal de 19 heures, les deux animateurs ont passé à peu près autant de temps à dézinguer Céline Dion qui était déjà la tête de Turc de M. Laurent Ruquier, et de son équipe, lorsqu’il lançait sa première émission, à savoir « Rien à cirer » dont le titre venait d’une formule lancée par Mme Édith Cresson, alors Première Ministre (1991-92). Qui s’en souvient ? On voudrait donner des arguments aux voix, de plus en plus nombreuses et haut-placées qui veulent en finir avec les médias appartenant à l’État (c’est à dire aux citoyens et contribuables), et privatiser ou liquider Radio-France et France-Télévision, qu’on ne s’y prendrait pas autrement.

En d’autres termes, ça signifie que la station de radio qui nous rebat les oreilles avec sa soi-disant mission de « service public », à défaut d’assurer un véritable service public de la radio et de l’information, s’adresse en fait à une France qui était active à la fin du siècle dernier et au début de celui-ci. Autrement dit encore, ça veut dire qu’on paie une radio qui s’adresse à une faible part de la population, qui ignore la jeunesse et même la diversité malgré les intentions affichées. Parlant d’affichage, il n’est pas anodin de constater que le site Internet d’Inter met en avant : « Info, Culture, Humour, Musique ». Mme Sybile Veil, PDG de Radio-France, qui a imposé que le siège historique de son groupe prenne désormais le nom de « Maison de la Radio et de la Musique » fait tout de même passer la Musique en dernier et après l’Humour. Comme si, pour exister, il fallait à tout prix faire rire. Est-ce qu’Inter ne devrait pas, dès lors, s’appeler « Rire & Chansons » ou plutôt, en l’absence de chanson tout au long de la journée, « Rire & Bavardages » ? Dommage parce qu’en dehors de ces inconvénients majeurs, on trouve, grâce à une moindre pression des puissances de l’argent (encore qu’il y ait de la publicité de marque sur Inter), des émissions remarquables tout au long de la semaine. « La Terre au carré » de M. Mathieu Vidard, tous les jours en début d’après-midi nous informe sur l’état de la planète et sur les solutions aux problèmes. La cellule d’investigation du groupe Radio-France présente tous les samedis ses enquêtes dans « Secrets d’info ». M. Fabrice Drouelle remporte un succès phénoménal avec ses « Affaires sensibles » à l’heure la plus difficile. « Interception » peut expliquer le mécanisme de la répression des manifestations en France, chose impossible sur une radio privée. En revanche, M. Denis Cheissoux a vu depuis deux ans maintenant son émission encore réduite à une « balade » en compagnie d’un utopiste sympa. Il est vrai que l’écologie est bien traitée par M. Vidard mais quand même. Surtout qu’il a dû faire de la place à une énième émission de bavardage autour d’un sujet avec « mon invité ». Il serait intéressant de recenser toutes les émissions d’entrevues avec « mon invité », tout au long de la semaine et qui ne sont que des déclinaisons de « Radioscopie » de Jacques Chancel. Là encore, c’est une formule qui date du siècle dernier. La radio est vraiment un média de vieux qui ne subsiste que grâce aux applications sur smartphone, autrement dit ponctuellement. Son influence demeure grâce aux entrevues politiques du matin qui permettent aux personnel politique de s’exprimer. Ça reste donc très limité. Dans ces conditions, avec RTL qui garde le cap sans faire de vague, en suivant juste ce qu’il faut la mode, avec Europe 1 qui rappelle Elkabach, Leymergie, et autres retraités qui sont ses « grandes voix », avec Inter qui exhume des personnalités oubliées depuis 20 ou 30 ans, faute d’avoir quelque chose d’original à dire, force est de constater que les radios généralistes s’adressent à des vieux (pardon, des seniors !) quand l’époque appelle à inventer un monde d’énergies nouvelles, de télé-travail, d’intelligence artificielle, de virtuel, d’Internet, de numérique.

Parlons-en du numérique : on nous annonce que la radio va connaître l’équivalent de la TNT pour la télé. Est-ce que les bavardages des radios généralistes méritent le support d’une nouvelle technologie ? Est-ce que les publicités vaguement entrecoupées de vieilles chansons ou des derniers tubes techno ou rap méritent le support de cette nouvelle technologie ?

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/medias/index.html

 

https://www.franceinter.fr/emissions/secrets-d-info/secrets-d-info-du-samedi-30-octobre-2021

https://www.franceinter.fr/emissions/interception/interception-du-dimanche-31-octobre-2021

 

« Ce week-end, je me suis effondré quand j’ai lu le témoignage de (…) au procès des attentats de Paris (…). »

https://www.franceinter.fr/emissions/boomerang/boomerang-du-lundi-25-octobre-2021 (c’est au tout début).

Il faut comprendre qu’on paie une redevance pour entendre un salarié de la station nous raconter qu’il a lu l’actualité et qu’il en a été très affecté ; ou pour entendre

https://www.franceinter.fr/emissions/le-billet-de-sophia-aram/le-billet-de-sophia-aram-du-lundi-25-octobre-2021

 

 

Nous rappelons toujours nos réserves sur la manière de calculer l’audience puisque à partir de 400 personnes interrogées chaque jour, on en déduit que des millions écoutent telle station et des milliers sont en train d’écouter une émission particulière. « 126.000, c’est le nombre d’interviews réalisées chaque année pour mesurer la popularité des stations. Tous les jours, entre 17h30 et 21h30, l’institut Médiamétrie interroge par téléphone 400 personnes. Les sondés, âgés d’au moins 13 ans et tirés au sort dans l’annuaire, doivent donner le nom de la radio, l’heure et la durée d’écoute, ainsi que le type de support utilisé (poste traditionnel, téléphone, ordinateur). »

https://www.lejdd.fr/Medias/Radio/comment-calcule-t-on-laudience-des-radios-3998071

 

 

 

 

 

 

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