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101e km
6 juillet 2021

Fin de saison 2020-21 sur Inter

Arrivés en fin de saison, on ne peut que répéter ce qui a été pointé toute l’année. Le radios généralistes ont trouvé, semble-t-il, leur équilibre et ne procèdent plus, pour le moment à de grands changements. Les radios généralistes, quelles sont-elles, justement ? Outre Inter, on trouve RTL, Europe1, Sud-Radio dont nous ne parlons jamais faute de pouvoir la capter. Ceux qui mesurent les audiences retiennent d’autres marques mais RMC-info, comme son nom l’indique est un radio d’information qui organise de nombreux plateaux et débats mais toujours en lien avec l’événement. En revanche, notons l’évolution de France-Bleu qui délaisse de plus en plus les programmes régionaux au profit d’une grille nationale, plutôt parisienne avec éventuellement ce qu’il faut bien appeler maintenant des décrochages locaux. En fait, France-Bleu tend à ressembler à ce que devrait être France-Inter, à savoir une radio généraliste qui intéresse, comme son nom l’indique, l’ensemble de la France. Conséquence, France-Bleu gagne des parts d’audience et fait partie du trio de tête devant Europe 1 mais nous avons émis les plus grandes réserves sur la méthode de mesure de l’audience, Audience des radios : comment croire ?

d’autant plus que tout montre, y compris les reportages d’Inter, que la plupart des gens ignore jusqu’au nom des radios généralistes. Rien d’étonnant à ce que les instituts de sondages mettent en avant un candidat à la présidentielle qui se retrouve finalement battu voire n’est même pas qualifié.

Quoi qu’on en dise, les radios dites musicales, c’est à dire qui passent des morceaux rentabilisés dans le monde anglo-saxon entre deux tunnels de publicités, caracolent largement en tête et depuis très longtemps, à présent. L’inquiétude vient de ce que nous avons appelé les Nouvelles pratiques d'écoute de la radio , à savoir l’écoute à la carte. J’écoute ce que je veux quand je le veux. Avec le MP3 et certaines applications, j’écoute ce que j’ai choisi. Ceux qui veulent s’informer ont également le choix d’application et de sites qui proposent l’AAD, l’audio à la demande.

Nous avons l’habitude d’écouter Inter depuis des dizaines d’années et de constater son choix de toucher des auditeurs instruits, de gauche, habitant Paris où ils bénéficient d’une offre culturelle complète et variée. Ils forment un microcosme qui dédaigne la province même s’ils affectent de dire « les Régions », comme si ça suffisait à respecter les quelques 80 % de la France qui se trouvent en zone rurale. Toute l’actualité, toutes les émissions sont tournées vers Paris et le mode de vie des Parisiens. On n’ignore rien des pics de pollution dans la capitale, des problèmes de transports, de voirie, d’hygiène publique. Il faut des circonstances exceptionnelles pour qu’on parle de la province, à l’occasion, généralement, d’une catastrophe naturelle (vallée de la Roya) ou d’un accident industriel (Rouen).

Surtout, nous répétons depuis des années que l’auditeur est soumis à un flot de paroles ininterrompues. Même le divertissement de la fin de matinée est une succession de chroniques, d’entrevues, de commentaires. On n’y échappe pas. C’est la marque de fabrique ou l’ADN, comme on dit (improprement) aujourd'hui. La matinale d’information, vitrine des radios en tout genre (y compris sur RFM, Radio-Classique etc.) voit s’enchaîner les rubriques et les chroniques entre les 3 journaux traditionnels. Sur Inter, il n’y a même pas la page de pubs pour permettre de souffler un peu. Pire, il y a à peine d’interventions du présentateur qui ne fait qu’annoncer l’arrivée de l’intervenant au micro en faisant semblant de ne pas savoir ce qu’il va dire. Tout est chronométré à quelques secondes près, comme si des vies humaines en dépendaient. Le gros morceau, ce qu’on va éventuellement retenir de ces deux heures d’information, c’est l’entrevue du matin. Chacun son style, évidemment, mais on voit comment sur Europe1, Mme Sonia Mabrouk pose des questions courtes, incisives, revient à la charge quand l’invité esquive et tout est dit en dix minutes. D’autant plus qu’on est suffisamment informé de nos jours pour savoir ce que pensent et veulent développer les uns et les autres. Il est bien rare que l’entrevue du matin apporte des révélations sensationnelles. Et puis, si c’est le cas (comme la démission du ministre Nicolas Hulot), il suffit d’appeler la direction et de demander l’autorisation de modifier l’ordre habituel. Mais l’on voit bien comment Mme Salamé et M. Demorand se perdent dans du délayage et comment, très rapidement, ils demandent à l’invité ses opinions sur un sujet d’actualité ou sur l’air du temps. On a une mini « Radioscopie » de 25 mn tous les matins. Les auditeurs attendent-ils cela ? Force est de constater que ceux qui sont encore à l’écoute après 8 heures et demi attendent surtout le pitre de service : Canteloup sur Europe1, Gerra sur RTL et le moralisateur du jour sur « le service public » qui va nous asséner ses leçons, des fois que quelque chose nous aurait échappé. L’avantage des remplaçants, c’est qu’ils n’ont pas encore compris qu’humour, sur Inter signifie leçon de morale. Alors, ils tâchent de faire rire. Pour le reste, on a l’impression que l’humoriste du jour veut surtout nous dire : n’avez-vous pas honte de rire quand tant de malheurs se jouent à côté de chez vous.

Puisque Inter a choisi de noyer l’auditeur dans les paroles, saluons l’émission de M. Mathieu Vidard consacrée à la transition écologique mais qui est abordée sous un angle différent quasiment chaque jour malgré les rendez-vous fixes. Comme quoi, en variant les sujets, les formats, en introduisant quelques pauses musicales, on peut tenir sans ennuyer. Nous regrettons de répéter que la matinale des samedi-dimanche n’est pas celle qui correspond à ces deux jours consacrés, pour la plupart des auditeurs, au loisir. Ceux qui travaillent ces jours n’écoutent de toute façon pas la radio. Comment peut-on imposer 3 heures de parlotte interrompue seulement deux fois par des chansons coupées ? Comment supporter qu’il n’y ait pour ainsi dire aucun échange entre les deux animateurs et entre eux et les différents intervenants sans que ça finisse invariablement par un rappel du temps imparti ? À croire que l’une et l’autre sont aux pièces. Comment est-il possible que le dimanche (et même le samedi), il n’y ait pas un vrai journal des sports, comme il y en avait autrefois ? Les quelques minutes qui lui sont consacrées viennent encore d’être amputées par une nouvelle rubrique « esprit sport » qui traite d’un sujet d’apparence sportive sous un autre angle. Pourquoi pas, mais alors il conviendrait d’accorder un temps plus long qui n’empiète pas sur l’actualité. Est-ce utile de proposer deux entretiens au cours de cette session ? L’entretien politique est une vaste fumisterie dans la mesure où ne viennent à cette matinale que des troisièmes ou quatrièmes couteaux qui espèrent se faire un peu connaître et dont on n’attend évidemment aucune révélation. Ça risque d’être encore plus bloqué la saison prochaine puisque Mme Patricia Martin quitte ce créneau, probablement pour présenter une émission littéraire le vendredi soir.

Toujours le dimanche, l’heure du reportage n’est qu’une resucée de ce que faisait Michel Tauriac, il y a plus de 40 ans. Le format de 52 minutes, même raccourci par la présentation et les commentaires et un peu de publicité ne correspond plus depuis longtemps au public d’aujourd’hui. D’autant plus que si l’on retire les temps où l’on entend le reporteur prendre rendez-vous par téléphone, où il sonne à l’interphone, où l’on entend la porte s’ouvrir, les pas dans le couloir, l’ascenseur qui prévient qu’on est arrivé à l’étage voulu, on se rend compte qu’on pourrait facilement faire plus court et aller droit au but. On voit que c’est une radio pour les enseignants (faite par d’anciens enseignants d’ailleurs) qui aiment bien délayer ce qu’ils pourrait dire plus simplement et en peu de temps. C’est ce que fait le samedi la cellule d’investigation dans son magazine de la mi journée.

De plus, outre que les animateurs ne cachent pas leur mépris pour leurs aînés au micro, notamment quand ils diffusent une archive sonore, ils méprisent l’illustration musicale pour accompagner un sujet. Le moindre air qui ne figure pas dans la playlist est moqué et l’on ne manque pas d’adresser à celui qui en a pris l’initiative : à cause de vous, on va avoir cet air en tête toute la journée. Comme si c’était là un inconvénient rédhibitoire. On a de plus en plus l’impression que la radio dite de service public adopte les méthodes de l’administration avec sa rigueur froide qu’elle impose à des administrés comme s’il fallait faire avec alors qu’on est censé leur apporter un service.

Apparemment, il n’y aura pas de grand bouleversement à la rentrée puisque la plupart des producteurs ont pris rendez-vous. Ces dernières années, les radios généralistes se tiraient la bourre pour présenter leur nouvelle grille avant les autres. On était allé jusqu’à recommencer dès la 3e semaine d’août. Ça rappelle un peu l’époque où les unes et les autres débutaient leur matinale à 6h 30 pour capter les auditeurs avant. Finalement, on est revenu au respect des heures habituelles. Tout ça pour ça.

Il y a tout de même des innovations étonnantes, surtout après ce que nous venons de pointer. D’abord, la musique occupe une grande place le vendredi. Il y a longtemps que ce n’était pas arrivé. Le reste de la semaine ouvrée, c’est M. Michka Assayas qui, au contraire de son mentor assez étriqué dans son goût musical, passe la musique contemporaine la plus variée possible. Ensuite, à deux reprises en fin de saison, la rédaction a interrompu ses programmes pour saluer le départ d’un ancien qui aura marqué la station, quoi que modeste. Nous avons parlé de M. Weill et dernièrement, c’est Mme Jacqueline Petroz qui a été ovationnée par ses confrères et ça fait un bien fou de les entendre parler des relations qu’ils avaient établies avec celle ou celui qui va prendre une retraite bien méritée. Combien de fois dans le passé, on a juste eu droit à un petit mot de l’intéressé en fin d’émission ou un signalement comme quoi un ancien collaborateur s’en va après vingt ou trente ans.

https://www.franceinter.fr/emissions/les-80-de/les-80-de-nicolas-demorand-du-vendredi-25-juin-2021

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M. Demorand lui a rendu hommage ainsi qu’à Mme Danielle Messager qui part aussi après avoir pris le relais de la grande-reportrice Hélène Cardin à la tête du service santé. Pour Mme Eva Bettan, c’est un peu particulier parce que cette dame est passionnée de cinéma et de tous les cinémas. On l’a souvent plaisantée pour son goût pour celui d’Asie et elle avait assez d’humour pour se moquer d’elle-même. Malmenée par les critiques du Masque & la Plume l’annonce du palmarès du Festival de Cannes, ils avaient fini par lui faire une petite place parmi eux. N’empêche, Mme Eva Bettan avait ce don inimitable pour faire aimer les films, même ceux qu’on devinait un peu compliqués. Jamais elle ne tombait dans le snobisme et se vouait simplement à faire partager ses émotions. Nous savons qu’elle développera cet été le thème de son livre sur « Le goût de nos mères » consacré à la cuisine familiale.

https://www.franceinter.fr/emissions/le-telephone-sonne/le-telephone-sonne-13-mai-2021

https://www.franceinter.fr/vie-quotidienne/feuilletez-le-gout-de-nos-meres-d-eva-bettan

Le professionnalisme de ces futures jeunes retraitées manquera à l’antenne, d’autant qu’on ne voit pas poindre des successeurs. Lorsque Mme Messager a succédé à Mme Cardin, on sentait que c’était du solide. Elle est remplacée par Mme Véronique Julia, ce qui est moindre mal. Bien entendu, la page Facebook de la station dite de service public n’y fait aucune allusion. Pas de photographie non plus de ces grandes dames de la radio.

On sait peu de choses de la grille de la rentrée. Tout ne doit pas être finalisé et l’on attend peut-être une arrivée. Quoi qu’il en soit, il ne devrait pas y avoir de bouleversement car on ne change pas une recette qui marche.

 

 

 

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