España para siempre

À la suite d’une demande, nous proposons une sélection d’exposés consacrés à l’Espagne et à la Catalogne et autres sujets en rapport.

Comment les Français voient l’Espagne

Parler de l'Espagne

Les deux Espagne

L' Espagne pour touristes

De l’Espagne comme objectif du terrorisme

Leçons du Mondial

ETA dépose les armes : un nouveau Pays-Basque nait.

Serge Utgé-Royo la voix de la conscience

CATALUNYA et puis après

Catalogne indépendante

CATALUNYA 2 : en attendant la suite des événements

CATALUNYA (3) : l'échec de M. Rajoy

CATALUNYA (4) : le football et les médias français

tableau de Dalí : https://lewebpedagogique.com/histoiredesartsduhamel/2016/06/01/don-quichotte-acte-ii-de-massenet/dali-don-quichotte/

Comments

[Jeremy Berenger]

L'approche que j'ai de l'Espagne, pour n'y avoir passé que quelques heures sur les traces de Dali, est d'abord et seulement d'ordre artistique. Fasciné par les architectures de Gaudi, sidéré cependant par les proportions gigantesques et l'allure générale qu'aura, au vu des maquettes et des modélisations 3D, cet édifice dont les plans et les maquettes originels ont été détruits. Il s'agit du monument le plus visité d'Espagne et au vu des tarifs assignés aux visites guidées (https://www.barcelona.com/fr/visiter_barcelone/sagrada-familia/sagrada-familia-guided-tour-fr-/), on se doute que l'affaire est juteuse pour la ville de Barcelone. Le féru d'architecture retiendra les techniques audacieuses imaginées et expérimentées par Gaudi ; le touriste moyen verra dans ce temple une curiosité comparable, par l'esprit, à l'étrange cathédrale inachevée Saint John the Divine à New York (https://untappedcities.com/2017/10/26/facade-of-cathedral-st-john-the-divine-depicts-the-apocalyptic-fall-of-nyc/) ; le voyageur épris d'excentricités se surprendra à noter quelques similarités, dans le projet de Gaudi, avec le Palais Idéal du facteur Cheval, perdu dans les confins campagnards de la Drôme et de la vallée de la Galaure (https://fr.wikipedia.org/wiki/Palais_id%C3%A9al#/media/Fichier:Le_Palais_Id%C3%A9al_-_Face_sud.JPG).



Manuel de Falla a précédé Dali dans mes rêveries espagnoles. C'est peut-être le plus méconnu des compositeurs de cette période dite impressionniste où la musique abordait le virage stylistique qui allait l'amener de la scène et des salons vers l'illustration musicale du cinéma naissant. Ravel, Debussy, Satie, Fauré convoquaient l'imagerie et les sentiments, les affects. Le thème était suggéré, l'expérimentation était de mise et la mode était à l'Espagne. Ravel y concéda ainsi qu'Emmanuel Chabrier. Ami de Paul Dukas, De Falla rencontra Ravel, Debussy et son compatriote Issac Albeniz lors d'un long séjour en France. De retour en Espagne, il crée L'amour Sorcier, ballet d'inspiration gitane dont la Danse rituelle du feu est sans doute la pièce la plus connue, et le Tricorne, un autre ballet. Puis il y eut Nuits dans les jardins d'Espagne et La vie brève, l'Atlantide à la fin de sa vie, oeuvre inachevée.



Dali, c'est la rencontre avec l'impossible, la folie, l'excentricité sans limites. L'homme aux sept cravates qui apparaissait régulièrement dans les émissions du samedi soir de Philippe Bouvard, lequel se piquait de réunir les originaux de l'époque, Sapritch, Chazot le danseur mondain, l'humoriste Jacques Veissid, Fernand Legros, marchand de tableaux et faussaire... Dali le surréaliste, Dali le doux dingue auteur du logo ChupaChups, Dali et ses muses ambigües, Dali qui avait tout compris du pouvoir de l'image, dont le narcissisme exacerbé anticipait le culte du selfie, dont le goût immodéré de l'argent l'avait fait surnommer Avida Dollar, anagramme de son nom.