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101e km
12 septembre 2020

Le plaisir de tuer plus fort que tout

Le plaisir de tuer est plus fort que tout et plus fort que la covid 19 qui est la grande affaire du moment, sur laquelle, on dirait que ni les scientifiques, ni surtout les politiques n’ont de prise.

 

Alors même qu’Arles se trouve en zone rouge, que quasiment tous les rassemblements festifs, culturels et même sportifs ont été annulés en France depuis le printemps et tout au cours de l’été, la Féria du riz aura lieu. On va donc tuer des taureaux après les avoir épuisés en souffrances devant 4 000 personnes qui se seront arrachées leurs tickets d’entée. À ce stade, on peut penser que le massacre aurait pu tout aussi bien se dérouler devant une centaine de personnes voire à huis-clos, comme les tournois de tennis et même les derniers matches de la Ligue des Champions. Pourtant, par définition, le spectacle n’existe que s’il y a des spectateurs. Il faut croire qu’on a dépassé cette logique simple et qu’il faut que ça se fasse coûte que coûte !

Pour le reste – zone rouge oblige – les mesures sanitaires seront appliquées strictement : il n’y aura pas de fête dans les rues, pas de danses, pas de concerts, rien que des taureaux tués puisque ça se déroulera en intérieur. Ici, on bascule dans la logique commune aux tueurs d’animaux : dans l’espace privé, on fait ce qu’on veut et donc, on peut tirer sur des espèces protégées, maltraiter des animaux puisque on est entre soi et qu’on a payé pour ça.

Screenshot_2020-09-12 Une Feria responsable dans les arènes et les rues d'ArlesComme il n’y a pas de limite à l’absurdité, il faut encore lire les arguments de la maire adjointe : « On doit être exemplaire et on le sera ». C’est la tendance du moment. On peut tout se permettre du moment qu’on porte le sacro-saint masque, même mal mis, mais usagé et donc inefficace. En d’autres termes, on tuera des taureaux pour rien et même trois fois rien (12 000 / 3 = 4 000) mais toutes les mesures sont prises pour être inattaquable. Allusion à la polémique sur « Le Puy-du-Fou » où l’on avait critiqué la dérogation au plafond de 5 000 spectateurs. Comme on sait le sujet de la corrida sensible, on prévient que tout se passera bien, sauf pour les animaux bien entendu. Pourtant, le maire lui-même reconnaît : « Elle n’aura de féria que le nom » mais on tuera quand même des taureaux. Le journal Le Provençal titre sur « Une féria responsable », responsable du massacre de bêtes pourtant reconnues sensibles, donc souffrant. Souffrant pour le plaisir de 4 000 spectateurs assoiffés de sang et jouissant de voir souffrir. Un logo « féria responsable » a même été créé pour montrer le sens des responsabilités de la Mairie et des organisateurs. Notons au passage l’ineptie de l’égalitarisme à la française qui impose les mêmes règles pour tous quelles que soient les circonstances. Pas plus de 5 000 spectateurs sur un même lieu. Le Stade de France qui contient 80 000 places en plein air n’a pas le droit d’accueillir plus, exactement comme le stade municipal d’Amiens qui n’en contient que 12 000, justement la capacité des arènes romaines d’Arles. Comme, visiblement, dans cette histoire, on ne compte pas, on apprend que des renforts de police seront appelés pour contrôler le port du masque : police municipale renforcée par une société privée mais également police nationale. Il faut croire que la police n’a rien de mieux à faire que de s’assurer du port du masque dans les rues d’Arles et à l’entrée des arènes afin qu’on ne puisse pas dire qu’il y a eu du relâchement à l’occasion de la Féria du riz et que les visiteurs ont pu ramener le virus chez eux.

Les médias (France Bleu, France 3 (service public), RTL, Le Provençal) traitent l’événement comme un banal concours de pétanque, comme si l’on n’allait pas tuer pour rien. France Info TV traite l’événement dans la rubrique « Culture » avec les livres de la rentrée et le rap… Service public payé par notre redevance. À partir du moment où c’est culturel, aucune critique n’est admise puisqu’il en va de la liberté de création. Fermez le ban !

 

 

https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/la-feria-d-arles-maintenue-malgre-le-coronavirus-on-sait-qu-on-doit-etre-exemplaire-et-on-le-sera-assure-une-elue_4102267.html

https://www.laprovence.com/article/papier/6105109/feria-responsable-dans-les-arenes-et-les-rues-darles.html

https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/coronavirus-patrick-de-carolis-maire-d-arles-promet-une-feria-responsable-7800795820

https://www.francebleu.fr/infos/societe/apres-l-annulation-de-la-feria-d-arles-le-directeur-des-arenes-envisage-d-autres-dates-1583946354

https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/bouches-du-rhone/arles/coronavirus-feria-arles-maintenue-bogeda-trois-fois-moins-spectateurs-aux-corridas-1872076.html#xtor=EPR-521-[france3regions]-20200911-[info-titre1]&pid=726375-1497865564-ffbf606f

 

et sur le masque

https://www.franceinter.fr/emissions/le-billet-d-alex-vizorek/le-billet-d-alex-vizorek-08-septembre-2020

 

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Commentaires
J
Vendre, est la seule finalité de cette tuerie anachronique. Vendre, est la seule finalité dans le siècle. Vendre de la nuitée, de la tablée, du pinard, des bières. Les abattoirs à la sudiste, corridas, ferias et autres joyeusetés héritées de la barbarie antique, fédèrent le beauf, et le beauf ne se sent exister qu'en troupeau, dans une débauche d'alcool et de gueulantes. Si les beaufs étaient silencieux et sobres, les arènes et les stades ressembleraient à Stonehenge. On y viendrait en pullman s'interroger quant à l'utilité de ces énigmatiques édifices. <br /> <br /> <br /> <br /> Il fut un temps où les arènes d'Arles étaient habitées. Dès le VIème siècle, on les flanqua de quatre tours et s'érigèrent entre ses arcades, ses gradins et sa piste plus de deux cents habitations ainsi que deux chapelles. Une forteresse destinée à se protéger des invasions sarrasines. C'est sous la Renaissance que resurgit le sacrifice festif du taureau, probablement inspiré du lointain culte de Mithra et c'est à la seconde moitié du XIXème siècle que se développa la tauromachie hors des frontières espagnoles. Et je lis que depuis 2005, on s'est efforcé de boboïser la Feria du Riz, en y invitant des "créateurs, décorateurs, peintres, architectes de renommée internationale [comme Christian Lacroix, Jean-Paul Chambas, Lucien Clergue, Jean-Pierre Formica, Ena Swansea, Claude Viallat, Loren ainsi que Rudy Ricciotti]. Le déroulement de cette corrida est identique à celui d'« une corrida traditionnelle avec les mêmes règles et le même rituel, seuls les costumes sont différents". L'article de Wikipedia précise que : "Le Festival du Cheval et Camargue Gourmande, sont aussi organisées au même moment par l’Office de Tourisme" (https://fr.wikipedia.org/wiki/Feria_d%27Arles). <br /> <br /> <br /> <br /> Les as du marketing sont passés par là aussi. Quelques poules de luxe rafistolées au Botox, cornaquées par leur vieux beau et leurs progénitures précieuses, venus du proche Luberon, flanqués d'amateurs d'art overlookés importés d'Avignon et Aix, viendront ainsi s'encanailler dans les miasmes de sueur aigre, de bière et de sang à la faveur de cette bacchanale de la tripe travestie des oripeaux de la tradition - griffés les oripeaux, siouplaît ! L'imagerie beauf de la tauromachie, est certes vendeuse, mais il fallait diversifier, toucher un plus large public. <br /> <br /> <br /> <br /> Et le Corona Circus, dans tout ça ? <br /> <br /> <br /> <br /> On fera avec. On appellera ça une Feria responsable, ouais ouais ! C'est Patrick de Carolis qui l'affirme. Le journaliste de la télé. Dont Wiki (encore), nous dit qu'il a signé, en octobre 2019 "avec 40 personnalités du monde du spectacle et de la culture, parmi lesquelles Denis Podalydès, Jean Reno ou l'ex-ministre de la Culture Françoise Nyssen, un appel contre l'interdiction de la corrida aux mineurs que la députée Samantha Cazebonne voulait introduire dans une proposition de loi sur le bien-être animal". <br /> <br /> <br /> <br /> "L'interdiction de la corrida "aux mineurs". La députée ménageait la chèvre et le chou. Quel législateur serait assez fou pour prétendre interdire sur notre territoire éclairé la pratique d'une tuerie animale aux très lointaines origines païennes ? <br /> <br /> <br /> <br /> Arrêtons-nous un instant sur Françoise Nyssen, ministresse-express de la Culture sous le premier gouvernement Philippe. Elle est héritière de l'estimable Hubert Nyssen, écrivain, poète, publiciste belge et éditeur notamment du grand écrivain américain Paul Auster. Le premier a avoir souhaité se démarquer de l'emprise parisianiste régnant sur le monde de l'édition, en domiciliant Actes-Sud en Arles. <br /> <br /> <br /> <br /> Patrick de Carolis, journaliste, élu maire d'Arles aux dernières municipales face à son challenger Hervé Schiavetti, communiste. La gauche tenait la mairie arlésiene depuis la fin de la Seconde guerre mondiale et l'avait reprise en 1995 après deux mandatures de droite. Le paysage social arlésien, au quotidien, hors des fastes sanguinaires, a de quoi laisser pantois le bobo de passage. Comme du reste la périphérie d'Avignon et les ruelles de Tarascon. Le long du Rhône, il y a encore quelques années, les vieux quartiers hantés de chibanis débonnaires abritaient bars glauques et hôtels de passe. Arles n'est pas Rome, même si elle évoque une petite Rome. Le chômage y sévit de même que les conséquences à long terme d'une immigration non intégrée, observable partout ailleurs dans les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse et le Gard voisins. On ne peut pas dire que ce soit une ville riche. Mais comme partout en Provence, la bobocratie y impose ses vues et ses us, s'empare de l'Histoire et des traditions, ses les approprie ainsi que les murs, les vieux murs abritant les pauvres, qu'elle se fera fort de restaurer à l'identique pour y accueillir la clientèle de ses semblables. Aux pauvres, la banlieue de Trinquetaille, sur l'autre rive, les périphéries non exploitables en termes de lotissements clos. <br /> <br /> <br /> <br /> En 2008, la découverte du buste de César dans une nef emprisonnée dans les limons rhodaniens, parmi d'inestimables autres vestiges de l'Imperium, a été envisagée par eux comme une opportunité. Les amateurs d'Histoire y virent une merveille. <br /> <br /> <br /> <br /> Ainsi s'écoule notre ère vulgaire. Les murailles impavides des arènes et des thermes de Constantin, et les tombeaux des Alyscamps resteront les seuls juges de ce qui en survivra.
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