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101e km
30 mai 2022

La police voit rouge

Il n’y a qu’en France qu’on voit ça !

 

Screenshot 2022-05-30 at 14-04-45 Football news - transfers fixtures scores pictures The Sun

La presse britannique, étrangère en général, la presse française aussi, toutes sont unanimes pour dénoncer le comportement « inutilement violent » des policiers français lors de la finale de la Ligue des Champions, qui s’est déroulée au Stade de France, le dernier samedi du mois de mai 2022. Ceux qui défendent les coups portés par la police mettent en avant le trafic de billets, vrais et faux, aux abords du stade, la confusion des stadiers (en nombre très insuffisant pour une telle rencontre), et les agissement de voyous du 9-3, profitant de la foule pour voler, racketter les malheureux supporteurs étrangers. La Maire de Paris n’a pas attendu l’émoi provoqué par les images qui circulent dans le monde entier pour annoncer qu’elle présentera la note du nettoyage de la zone où étaient rassemblés les supporteurs anglais qui se sont comportés comme des cochons. Tout cela est vrai mais il n’en demeure pas moins qu’une fois de plus, la police française se distingue par des méthodes dignes des dictatures. Dans notre pays, pas une manifestation de protestation, pas une manifestation de liesse ne finit sans un minimum d’incidents et ces incidents résultent des ordres donnés aux policiers d’empêcher tout débordement dans un sens très large laissé à l’appréciation des officiers sur place. Ordres qui sont appliqués sur le terrain avec zèle. Le scénario, depuis des dizaines d’années à présent (le Gouvernement actuel n’innove pas) est immuable. Les organisateurs obtiennent l’autorisation de manifester sur un parcours ou en un lieu sur lequel les autorités sont d’accord. La manifestation se déroule. En fin de parcours, surprise, les manifestants sont contraints de renoncer à aller plus loin. Il stationnent, parfois s’assoient par terre. Ordre est alors donné de faire évacuer. Premières escarmouches avec le premier rang qui se fait bousculer et reçoit parfois les premiers coups. Aussitôt, les rangs suivants portent secours à leurs camarades, surtout quand des femmes sont renversées par terre. Les policiers paraissent surpris et appellent des renforts : « On les tient plus : venez vite ! ». Quand les renforts arrivent, ça devient un fait-divers. Violences, casse, arrestation, gazage, terme désormais employé depuis le recours systématique à ces aérosols vidés sur des gens qui n’en peuvent mais. Une variante se produit quand le responsable (hum ?) estime que la manifestation a trop duré et qu’il faut rétablir la circulation. L’ordre d’évacuation donne lieu aux mêmes scènes. Rétablir la circulation semble une obsession des pouvoirs publics afin surtout que nul ne se doute qu’une protestation publique a lieu.

Quelques exemples. Les Nuits-Debout ont essuyé des coups tout à fait injustifiés. À de très rares exceptions, les rassemblements en début de soirée donnaient lieu à des discussions à peine animées sur la voie publique, donc pas bruyantes. C’étaient plutôt des forums improvisés ou pas. N’empêche, les images ont montré des femmes recevant des coups de poings gantés de la part de policiers, de gendarmes, et divers coups, tirs de LBD etc. Combien ont perdu un œil ou seront handicapés à vie d’une main molestée ou d’une épaule démise ! Dernièrement ce sont des supporteurs franco-algériens, bousculés, frappés, pour avoir voulu manifester sur les Champs-Élysées, leur liesse après la victoire de l’équipe d’Algérie en Coupe d’Afrique. Ils pensaient qu’ils pouvaient se permettre, comme les autres Français, d’exprimer leur joie, aussi quand l’équipe du pays de leurs origines gagnait. Si encore ça avait été une victoire de l’équipe des Verts contre celle des Bleus, on aurait pu craindre, en effet, des incidents. Les Champs-Élysées sont devenus, après les victoires de la France en Coupe du Monde, le lieu de rassemblement improvisé et festif. Les gilets-jaunes, généralement peu informés (voir nos articles) s’imaginaient que c’était aussi un lieu de manifestations et l’avaient investi avec en arrière-pensée le siège du palais présidentiel qui, d’ailleurs, ne s’y trouve pas. Le Ministre de l’Intérieur de l’époque avait donné l’autorisation alors même qu’aucune manifestation politique ne s’y est déroulé depuis la fin de Mai 68. Lui non plus ne devait pas être au courant. Toujours est-il que ça a marqué le début d’une longue série de samedis où ces manifestants maladroits ont prétendu battre le pavé et ont été tout surpris de prendre des mauvais coups. Jusqu’alors, ils n’y trouvaient rien à redire mais là, ils ont pu mesurer la disproportion entre les intentions des manifestants et la violence de la réponse policière. Il a fallu cela, il a fallu la réitération, samedi après samedi, durant des semaines, pour que le petit peuple, peu habitué à manifester, se rende compte qu’il y a un problème de maintien de l’ordre dans ce pays ; et un problème grave.

Dans toutes les démocraties qui nous entourent, les manifestations sont monnaie courante. On conspue le gouvernement, on proteste contre la fermeture d’une usine ou l’ouverture d’une autre. On s’émeut du réchauffement climatique et de la pollution. C’est là une activité citoyenne banale en démocratie. En France, rien de tout ça : répression systématique ! Le Président Hollande a fait entériner des lois pour prolonger de fait l’état d’urgence décrété après les attentats terroristes. Sous prétexte qu’on ne pouvait pas demeurer sous ce régime d’exception – et on l’admet volontiers – des lois visant essentiellement les activités des associations environnementalistes ont été votées afin de rendre illégaux un certain nombre de démarches, de manifestations, d’exercice normal de la démocratie. Il n’y a qu’en France que la Conférence internationale sur le climat a donné lieu à des arrestations préventives de dirigeants associatifs et à une répression féroce.

L’organisation de la finale de la Coupe européenne des clubs a été décidée pour servir de test en vue de l’organisation, l’an prochain, de la Coupe du Monde de rugby et surtout, en 2024, des Jeux Olympiques. On a vu le test ! 24 heures plus tard, le monde entier, à commencer par l’Europe, était au courant. La presse britannique, habituellement anti française, en a profité. On ne va pas prendre ce torchon qu’est The Sun pour référence mais son jeu de mots (en français dans le texte) mérite d’être cité : « Stade de farce ». La presse parle donc « d’usage inutilement violent » de la force. D’autres pointent ces policiers refusant d’aider les supporteurs étrangers demandant de l’aide pour se diriger vers le stade. Ailleurs, on est habitué à interpeler ses policiers (« nos impôts » comme disent les Français) qui sont tous au courant du déroulement des opérations. Aux abords du stade, c’était le silence de la mer, voire une expression légèrement narquoise devant ces étrangers baragouinant pour trouver leur chemin. On décrit des supporteurs brandissant leurs billets pour que les stadiers les identifient et les laissent entrer. Débordement. Nombre de stadiers ont perdu leur emploi à cause du confinement et l’on n’a pas pensé à les remplacer maintenant que c’est (provisoirement) fini. Quelle organisation ! À côté de ça, certains ont été rackettés par les voyous habituels sans recevoir le moindre secours des policiers pourtant nombreux. Des journalistes racontent comment ils ont été contraints par des policiers d’effacer les images qu’ils venaient de tourner s’ils voulaient conserver leur accréditation. Malgré tout, ça circule et tout le monde est au courant. On voit notamment des policiers français, brandir tranquillement, presque par jeu, un aérosol en direction des supporteurs demandant protection ou aide. Les voyous, eux, savent y faire avec eux et étaient déjà loin.

Franchement, ça la fiche mal et même très mal. La France avait proposé d’accueillir de manière imprévue la finale de la Ligue des Champions. Finale de rêve qui opposait le club le plus prestigieux du monde, le Real de Madrid (vainqueur) et le très populaire Liverpool FC qui joue en rouge, couleur omniprésente à Paris et à Saint-Denis ce samedi, tant les Anglais étaient venus en nombre pour accompagner leur équipe. Le rêve a tourné au cauchemar pour des milliers de supporteurs venus passer un moment de liesse dans une belle ville. Tout ça, à cause de l’incompétence de certains et de l’entêtement à réprimer coûte que coûte. Comme si ça ne suffisait pas, le lendemain, à Saint-Étienne, pour endiguer les débordements des supporteurs stéphanois dépités après la défaite de leur équipe, d’autres policiers ont fait également un usage immodéré de la force. Ils ont fait irruption dans les vestiaires des joueurs et ont même interrompu la conférence de presse de l’entraîneur de l’équipe adverse (d’Auxerre) qui est sorti de la salle en larmes après usage des gaz. Qui donne les ordres ? Comment sont-ils exécutés ?

Justement, à l’origine de ces incidents, le donneur d’ordres est encore une fois le préfet Lallement qui se révèle le type même du dirigeant incompétent, qui met de l’huile sur tous les feux qu’il est censé éteindre et qui a toujours raison envers et contre tout ! Dès qu’on a murmuré son nom, il a sorti un rapport rédigé avec une célérité inhabituelle, pour dénoncer un système de fraudes massives sur la billetterie. Dont acte. Cela veut dire soit qu’il le savait avant mais qu’aucune mesure n’a été prise pour protéger les détenteurs de vrais billets, soit qu’il a fait rédiger un rapport en quelques heures pour allumer un contre-feu en prévision d’incidents prévisibles, vue l’incapacité des forces de l’ordre à encadrer un événement sportif international. Et puis, le marché noir de billets d’entrée existe partout et pour tous les grands événements. Tout le monde le sait mais visiblement, le préfet Lallement ne sait pas comment y faire face.

Pour finir, une anecdote qui en dit plus long que ça n’en a l’air. Il y a quelques années, circulait sur l’Internet une petite vidéo montrant un touriste désireux de se faire filmer en compagnie des policiers locaux sur les sites touristiques qu’il visitait. Partout, les pandores se sont prêtés au jeu, parfois même en recouvrant le facétieux de leur coiffure réglementaire, le temps du « selfie ». Sous la Tour Eiffel, notre fanfaron a prétendu en faire autant. Mal lui en a pris. Aussitôt la policière l’a repoussé brutalement et a commencé à lui chercher des histoires en appelant ses collègues en renfort. La vidéo s’interrompt à ce moment.

 

 

https://www.thesun.co.uk/sport/18716179/liverpool-fans-champions-league-real-madrid/

 

https://www.francetvinfo.fr/sports/foot/ligue-des-champions/ligue-des-champions-les-incidents-du-stade-de-france-declenchent-la-colere-des-anglais_5166691.html

 

la chronique de Charline Vanonecker avant le journal de 8h :

https://www.franceinter.fr/emissions/le-7-9/le-7-9-du-lundi-30-mai-2022

 

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