Isabelle DHORDAIN

22 février 2021

Isabelle DHORDAIN

Une voix de France-Inter s’est éteinte et une fois de plus, la station qu’elle a enchantée pendant des années l’évoque à peine. Juste un petit sujet enfin de journal de 19 heures, un dimanche soir en période de vacances de février. Rien donc à ajouter et puis, c’était une vieille de 62 ans, disparue de la grille des programmes depuis des lustres, une ancêtre. Qu’importe qu’elle porte le nom du créateur de la station qui les emploie, ancien directeur et fille d’une animatrice de la station dont le nom dit encore moins.

Isabelle Dhordain a été emportée par cette sale maladie qu’est le cancer. Nous n’en finissons pas d’hurler de rage contre cette saloperie qui frappe sans raison. C’est la raison pour laquelle elle a dû renoncer à son émission, il y a plusieurs années à présent, qui faisait se rencontrer des chanteurs venus d’horizons différents et leur permettait de chanter « en présentiel », comme on dit aujourd’hui (= en public). L’émission était enregistrée le jeudi et diffusée le samedi à des horaires qui ont changé plusieurs fois. Nous avions pointé l’absence de renouvellement de la formule qui accordait de plus en plus de place aux entretiens au détriment de la musique. Ça donnait quelque chose comme : Est-ce que vous connaissiez Machin avant de venir ici ? Non, c’est la première fois et je suis très content parce que j’admire ce qu’il fait depuis longtemps. Et ça continuait en flatteries réciproques quand ça ne débordait pas sur le commentaire de l’actualité en enfonçant des portes ouvertes sous les applaudissements du public. Isabelle Dhordain buvait leurs paroles, encouragée par le public donc, et relançait au détriment de leur travail. Elle ne s’en rendait même pas compte et nous avait même répondu pour affirmer le contraire.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2013/08/14/27824192.html

N’empêche, dans les années où il y avait le plus de parlote sur Inter, c’était encore dans l’émission d’Isabelle Dhordain qu’on entendait le plus de chansons. Encore trop visiblement pour l’ancien chanteur qu’était M. Val, alors directeur de la station parisienne et parisianiste. C’est tout de même paradoxal, après avoir émis des regrets sur ses émissions, que notre blog rende davantage hommage à Isabelle Dhordain que son employeur qui pourrait annoncer, oh, bien des choses comme une soirée ou un après-midi avec une compilation des meilleurs moments de l’émission. Ce n’est pas le genre de la maison. Nous avons souvent écrit que lorsque Max Meynier a disparu, RTL a bousculé ses programmes et invité ceux qui l’avaient connu pour évoquer des bons moments passés ensemble, avec extraits de ses émissions. Idem, plus récemment quand Europe 1a rendu hommage à Philippe Gildas. Sur Inter, ou chaque producteur du moment considère sa présence à l’antenne comme un dû, monte sur ses grands chevaux quand on rogne 2 mn de son émission ou qu’on la supprime pour un direct, considère qu’il propose la meilleure émission jamais entendue sur une radio, il est hors de question de perdre du temps d’antenne à rendre hommage à une ancêtre. Dernièrement, nous avons remarqué que lorsque par hasard, on diffuse une archive sonore de la maison, on cite rarement le journaliste qu’on entend. En revanche, sur les autres radios généralistes, on ne manque jamais de le faire car on veut montrer à l’auditeur la légitimité de la station où ont travaillé les meilleurs professionnels auxquels on aspire de ressembler.